L’apprentissage de la lecture est une étape cruciale pour les enfants, mais la méthode pour y parvenir fait souvent débat. Depuis plusieurs années, les instructions officielles accordent une place de plus en plus importante à la méthode syllabique au sein des apprentissages fondamentaux des élèves de CP ou de 1re primaire. Quel est donc l’intérêt de ce support pédagogique et comment fonctionne-t-il exactement ? Dans cet article, nous plongeons tête baissée dans cette question controversée des méthodes de lecture.
Qu’est-ce qu’une méthode syllabique ?
La méthode syllabique est un procédé d’apprentissage qui demande aux enfants d’associer les phonèmes (les sons) et les graphèmes (les lettres). Puisqu’il existe 26 lettres dans l’alphabet, nous pourrions donc penser qu’il y a le même nombre de sons, n’est-ce pas ? Et bien, vous vous en doutez, ce n’est pas aussi simple.
Dans la langue française, certaines combinaisons de lettres produisent un son différent et certains sons peuvent s’écrire avec plusieurs lettres différentes, de quoi perdre la tête (et les oreilles) !
Si nous prenons l’exemple du mot « bateau » : le « b » se dit [b], le « a » [a], le « t » [t] et la combinaison des lettres « eau » se prononce [o]. Dans ce dernier cas, nous parlons de lecture combinatoire. Pourquoi aborder ce point avec vous ? Vous allez vite comprendre.
Le langage oral permet aux enfants d’acquérir une conscience phonologique, c’est-à-dire la conscience des sons qu’ils entendent. Ce savoir sert de support et d’appui pour appréhender la structure du mot et de la syllabe. L’enfant combine alors les sons en découpant le mot en syllabes : ba-teau. D’où le terme de méthode de lecture syllabique.
La lecture, c’est comme la bicyclette : il faut avoir des bases solides avant de pouvoir avancer seul. Et ça demande du temps !
Méthode syllabique vs méthode globale : qu’en disent les recherches scientifiques ?
La lecture comprend deux voies :
- la voie phonologique ou assemblage : correspondance entre les lettres et les sons, déchiffrage syllabe par syllabe ;
- la voie lexico-sémantique ou voie d’adressage : reconnaissance globale des mots.
Un lecteur adulte utilise généralement la voie lexicale, cependant il emploie le déchiffrage pour lire certains mots complexes ou rares comme « histrion » (désigne quelqu’un qui aime se donner en spectacle) ou « amphigourique » (définit un propos qui n’a pas de sens). Les yeux avancent en saccades et ne s’arrêtent pas sur chaque lettre.
À titre indicatif, 7 lectures d’un mot sont nécessaires pour que le cerveau puisse le reconnaître globalement, bien que cela dépende de chaque enfant.
Pourquoi évoquer ce fonctionnement ? Tout simplement parce que la méthode globale s’appuie sur un processus contre-intuitif (et contre-productif) par rapport à l’apprentissage de la lecture. En effet, elle propose de « lire » des phrases présentant des lettres et des sons inconnus. Imaginez la même situation avec une langue étrangère comme l’arabe ou le japonais… Il y a de fortes chances pour que vous vous sentiez dépassé et c’est bien normal !
Comme l’explique Stanislas Dehaene dans Les neurones de la lecture, apprendre par cœur a ses limites puisque la mémoire humaine n’est pas extensible à l’infini. Il existe une autre contre-indication à cette méthode : le fonctionnement de notre cerveau.
L’apprentissage des mots par cœur stimule le côté droit du cerveau, une zone qui sert généralement à la reconnaissance des images, des objets ou des formes. Cependant, le siège de la lecture chez tous les autres humains, quelle que soit leur langue, se situe à gauche, dans la zone occipito-temporale ventrale gauche.
Avec une méthode globale, les enfants qui possèdent une excellente mémoire visuelle et auditive ont l’impression de lire facilement et rapidement. Malheureusement, ce n’est qu’une illusion. Qui plus est, cette approche ne fonctionne absolument pas avec les enfants présentant des troubles de l’attention visuelle, une dyspraxie neuro-visuelle ou un trouble phonologique.
De nombreux enseignants demandent à leurs élèves en début de CP d’apprendre à écrire des mots qui contiennent des lettres et des sons qui ne leur ont pas encore été appris. Cette démarche met les enfants en difficulté et stimule à nouveau le côté droit de leur cerveau… Le serpent se mord la queue.
En début d’apprentissage, le plus important est d’apprendre aux enfants les correspondances phonèmes/graphèmes, de les combiner et de déchiffrer les syllabes, les mots, puis les phrases, sans brûler les étapes. Les enfants ne doivent apprendre à écrire que des syllabes et des mots qu’ils sont capables de lire.
Qu’en est-il alors des méthodes mixtes ? Elles combinent :
- une approche globale : reconnaissance de phrases et de mots par cœur ;
- une approche syllabique : apprentissage du code, de la correspondance lettre/bruit ou graphème/phonème.
À votre avis, est-ce que ce mélange fonctionne pour les enfants dys ? La réponse est non, pour les mêmes raisons évoquées plus haut.
Par ailleurs, Stanislas Dehaene a prouvé dans ses recherches que les adultes ayant appris à lire avec une méthode syllabique plutôt que globale ou semi-globale sont de meilleurs lecteurs.
Laisse donc ce sac rempli de phrases à apprendre par cœur Marc ! Avec Apili, l’apprentissage de la lecture se fait dans la bonne humeur et sans douleur.
Et la méthode de lecture Apili dans tout ça ?
1. Une typographie claire et lisible
La police de caractère possède un rôle essentiel dans l’apprentissage de la lecture. Qui a envie de lire des phrases aux caractères minuscules ? À moins d’être un grand amateur de loupe, nous sommes sûrement peu à apprécier cette typographie. Imaginez donc le ressenti des enfants quand ils se retrouvent face à des caractères microscopiques ou à une police avec empattement… Cela ne leur facilite pas la tâche.
Si nous sommes d’accord pour éviter les polices gothiques, pourquoi ne pas utiliser des lettres personnifiées dans la méthode ? Comme Benjamin l’explique, cette représentation accentue les difficultés pour apprendre à lire des enfants qui souffrent d’un trouble neurovisuel (dyspraxie visuo-spatiale) ou d’un trouble de l’attention.
Benjamin et la graphiste d’Apili ont donc orienté leur choix avec un objectif en tête : utiliser la police la plus simple à lire possible. De ce fait, les caractères ne présentent pas d’empattement ni de déformation des lettres.
D’autre part, vous découvrirez que la méthode Apili présente des syllabes en couleur. En effet, plusieurs études portant sur la dyslexie ont démontré l’efficacité de ce fonctionnement. De plus, sous les conseils de Stanislas Dehaene, les lettres muettes sont représentées en gris. De cette manière, l’enfant est incité à ne pas prononcer la lettre grisée, mais peut tout de même mémoriser l’orthographe correcte du mot.
2. Une mise en page aérée et un fond coloré
Lors de ses recherches, Benjamin Stevens a exploré une vingtaine de méthodes de lecture traditionnelles et il a réalisé un constat : les pages sont souvent saturées d’informations ! Seulement des pages surchargées n’incitent pas à apprendre, bien au contraire…
De ce fait, la méthode Apili s’est construite sur des pages grandes et aérées pour motiver les enfants et ne pas les décourager.
Par ailleurs, le fond de la méthode est légèrement coloré pour réduire la fatigabilité de l’enfant.
3. L’ajout des bouches, la spécialité des orthophonistes
Les bouches servent souvent les orthophonistes à imager les sons. Cette représentation aide les enfants en difficulté à mémoriser le bruit des lettres.
La méthode Apili est le résultat de 18 années d’expérimentation de Benjamin Stevens dans son cabinet d’orthophonie, il était donc inévitable que ces illustrations intègrent la méthode Apili !
Une réalisation complexe sur le papier (ou la tablette graphique), puisque ces dessins étaient une première pour Rémy Tornior, l’illustrateur de la méthode. Après plusieurs semaines d’essai, le résultat est aujourd’hui plus que convaincant.
4. Des illustrations plaisantes pour les enfants
En plus de l’utilisation de l’humour pour captiver l’attention des enfants, Benjamin Stevens a trouvé un autre facteur pour maintenir l’attention et la curiosité : le rendu des visuels.
Avec des couleurs vives, une ambiance chaleureuse et des contextes amusants, Rémy Tornior a su dépasser les attentes. La qualité des illustrations contribue grandement à la motivation des enfants pour apprendre à lire.
5. Une progression logique sans apprendre par cœur
Pour mettre au point la méthode Apili, Benjamin Stevens s’est appuyé sur les recherches de Stanislas Dehaene. De ce fait, la progression de la méthode suit un parcours précis pour permettre un apprentissage optimal.
D’abord, les enfants découvrent les voyelles, puis les premières consonnes longues. Pour introduire de nouvelles lettres, la méthode propose différents moyens d’aide :
- des images ;
- des bouches ;
- des gestes ;
- des conseils destinés à l’adulte.
De cette manière, chacun peut adopter le support qu’il préfère, qu’il soit en difficulté ou non et avancer pas à pas.
Après des années de recherches, Benjamin Stevens a conçu la méthode Apili sur le modèle d’apprentissage de la lecture syllabique et gestuelle avec un ingrédient magique : l’humour. Vous aussi, découvrez les histoires de Lulu, Rémi, Fatou et tous leurs amis dans la boutique Apili ! Si vous avez une question ou un doute, n’hésitez pas à nous écrire sur notre page contact.
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